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20 décembre 2014

La grande Guerre 14-18: infos

 

La grande Guerre 14-18: infos

 

 

Stéphanie TROUILLARD 
France 24 - ‎samedi‎ ‎20‎ ‎décembre‎ ‎2014

  

Grande Guerre : parlez-vous le poilu ?

Plus de 90 ans après sa publication, "Le poilu tel qu'il se parle" est réédité. Référence méconnue sur le langage des tranchées, ce livre liste le vocabulaire imagé des soldats et permet de redécouvrir des expressions utilisées encore aujourd'hui.

"Sauter le barriau", "Se faire courber une aile", "En avoir frigousse", "Moulin à rata" ou encore "Ramasser une trimbouelle". Au fil des pages du livre "Le poilu tel qu’il se parle", c’est une grande plongée dans les tranchées que nous offre Gaston Esnault. Durant la Première Guerre mondiale, ce professeur de lycée agrégé de grammaire, affecté dans l’armée territoriale, a noté scrupuleusement ce qu’il entendait de la bouche des soldats. En 1919, il a compilé ce vocabulaire, reflet du quotidien de la Grande Guerre, dans un ouvrage aujourd’hui réédité aux éditions des Équateurs.

"L’originalité de ce livre par rapport aux enquêtes menées durant le conflit réside dans le fait que Gaston Esnault était vraiment en contact avec les soldats du front. Il a fait des observations directes, explique à France 24 Odile Roynette, maître de conférences en histoire contemporaine à l'Université de Franche-Comté. Il était très attentif aux usages parlés de la langue. Il se baladait avec un petit carnet et il a retranscrit un certain nombre d’usages oraux des combattants. Son enquête fait plus de 600 pages !"

Des signes de reconnaissance entre soldats

Durant trois ans, ce passionné d’argot prend ainsi grand plaisir à découvrir les expressions utilisées par ses compagnons d’armes. Face à l’enfer des combats, ce langage commun, souvent propre à un même régiment, permet de créer un véritable esprit de corps. "Il y a effectivement une fonction identitaire de ce langage qui existait déjà en temps de paix dans l’armée. Cela demeure très fort durant la guerre. On voit bien comment les journaux du front utilisent énormément cette langue dite 'des tranchées' pour créer cette cohésion et aussi susciter une différence par rapport au monde civil", souligne Odile Roynette, auteur notamment du livre "Les mots des tranchées".

Pour autant, selon cette spécialiste de l’histoire militaire, il est difficile de parler d’une seule et même langue des poilus : "Les enquêtes montrent qu’il y a des usages localisés. Sur les 700 km de front occidental, il n’y a pas d’unité, c’est impossible." Pour Odile Roynette, la "langue poilue" est en réalité un mélange extrêmement complexe : "Il y d’abord eu l’influence de la langue orale populaire, ce qu’on appelle l’argot qui a été repris et parfois transformé pendant le conflit. Il y a aussi eu des transferts sémantiques par les combattants avec des mots qui venaient directement du monde militaire. Des mots ont aussi été pris à la langue des pays colonisés avec tout un apport de la langue arabe, berbère, annamite [Asie du Sud-Ouest] ou encore wolof [Sénégal]", constate l'historienne. "Et puis à l’épreuve du feu, les soldats ont aussi inventé des expressions pour désigner leur environnement matériel ou physique. Par exemple, tous les mots sur les armes et l’équipement mais aussi sur les blessures et sur la mort."

Beaucoup d’autodérision

L’auteur des "Mots dans les tranchées" a ainsi été particulièrement émue par les expressions pour désigner la fin tragique des poilus : "Ce sont les plus fortes. Je pense par exemple à 'sécher sur le fil'. Ce n’est pas forcément une expression extrêmement employée par les combattants, mais cela désignait le fait de mourir accroché sur les fils barbelés."

Malgré les horreurs du quotidien, le langage des soldats de 14-18 est souvent marqué par beaucoup d’humour. Dans "Le poilu tel qu’il se parle", les expressions sont particulièrement drôles et imagées : "Il y a beaucoup d’autodérision dans le monde des soldats. C’est très sensible dans les journaux des tranchées qui sont écrits directement par eux et diffusés sur le front. Le quotidien est tellement dur que justement, c’est une forme de dérivation et de catharsis."

Cent ans après, certaines de ces expressions font encore partie de notre quotidien : "Il y a eu une diffusion de certains mots d’argots d’usage civil ou militaire qui sont restés après la guerre. Il y a aussi par exemple des sens dérivés du mot 'front'. On entend en permanence parler du front de l’économie ou de la crise. Ces métaphores guerrières se sont développées dans la presse et sont restées", raconte Odile Roynette. Sans le savoir, nous utilisons ainsi toujours ce vocabulaire né dans l’enfer des combats ou à l’arrière. Voici un florilège tiré du "Le poilu tel qu’il se parle".

Des expressions encore contemporaines :

-balancer (s’en) : ne faire de quelque chose nul cas

-barda (m) : fourniment, ensemble des objets affectés à un fantassin, et dont la pièce de résistance est le havresac

-bleusaille (f) : soldat de la plus jeune classe

-cagna (f) : abri léger aux tranchées, soit niche dans la terre, soit cabane de boisage

-chocotes (avoir les) : avoir peur

-chouya (m) : petite quantité. (…) Nos soldats d’Afrique emploient dès longtemps chouya-chouya

-crèche (f) : endroit, coin de grange ou l’on couche

-gnole (f) : eau-de-vie, terme apparu (...) entre janvier et juin 1915, universalisé dès 1916 d’autant plus aisément que l’alcool est en campagne une distribution

-godasse (f) : chaussure de cuir

-limoger : mettre en disgrâce, en disponibilité. (…) Des officiers supérieurs et généraux, deux douzaines, dit-on, ont été envoyés en disponibilités à Limoges, en septembre 1914

-nouba (f) : fête arabe, noce carabinée

-tacot (m) : voiture automobile

Quelques expressions particulièrement savoureuses :

-apprenti-cadavre (m) : ambitieux (…) Qui veut monter en grade ou grimper aux honneurs risque sa peau

-barriau (sauter le) : escalader le parapet pour attaquer

-boudin (aller au) : partir pour le front

-caler les dominos (se) : manger. Les dominos sont les dents

-coup de coude (m) : coup de vin

-courber une aile (se faire) : être blessé

-crottes (lâcher ses) : laisser tomber ses bombes, en parlant d’un avion

-frigousse (en avoir) : en être rassasié

-mitrailleuse à gosses (f) : femme prolifique

-moulin à rata (m) : mitrailleuse

-pisser dans le paquet de tabac de quelqu’un : se montrer désagréable à son égard

-pousse-au-crime (m) : vin

-trimbouelle (ramasser une) : tomber de son haut, rouler par terre

-toboggan (sauter le) : aller à l’assaut

 

Aristide Briand, l'autre père de la Victoire

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Des collégiens. Une nuit dans la peau des Poilus

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Livre. Les mémoires d'un Poilu bretonnant

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Breton. Des Poilus retrouvent la parole

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Le Parisien - ‎samedi‎ ‎18‎ ‎avril‎ ‎2015
Machemont : un salon du jardin dans les carrières de 1914-1918

Le 3e salon « jardin et nature » se tient ce week-end à Machemont, dans le cadre prestigieux des carrières de Montigny. Celles-ci ont abrité, il y a un siècle, des Poilus de la Grande guerre, face au front ennemi. L’association la Machemontoise y propose un panel de stands, tenus notamment par des fleuristes et horticulteurs. Ils y présentent plantes annuelles ou vivaces, bulbes et arbustes. Un troc de plantes est également ouvert aux visiteurs qui, dès samedi matin, se comptaient par centaines.

Dimanche de 10 heures à 18 heures aux carrières de Montigny, à Machemont, au nord de Compiègne (itinéraire fléché). Entrée 3 €.
Le Monde.fr
Le Monde - ‎lundi‎ ‎20‎ ‎avril‎ ‎2015
L'Allemagne pourrait reconnaître le « génocide » arménien

Une reconnaissance toujours d'actualité cent ans après. Les députés allemands pourraient voter cette semaine une motion parlementaire citant le massacre des Arméniens en Turquie il y a un siècle comme un exemple de «génocide», a déclaré lundi 20 janvier un porte-parole de la chancellerie.

«Le destin des Arméniens durant la première guerre mondiale est exemplaire de l'histoire des crimes de masse, des épurations ethniques, des expulsions de population et des génocides du XXesiècle», affirme le projet de résolution des députés. Ce texte – qui évite de qualifier directement l'extermination des Arméniens de «génocide» – doit être débattu par les députés du Bundestag vendredi, jour du 100eanniversaire de ces massacres ayant coûté la vie à 1,5million d'Arméniens en 1915-1917.

Il s'agit d'un revirement politique majeur pour l'Allemagne qui rejoindra ainsi la France, le Parlement européen ou le pape François dans l'emploi du terme de «génocide» pour qualifier le drame vécu par les Arméniens dans l'empire ottoman pendant la Première Guerre mondiale, à partir de 1915.

Le projet de résolution a fait l'objet d'intenses discussions entre le gouvernement, le Bundestag et la présidence de la République en raison de divergences sur l'opportunité de qualifier ces crimes de «génocide». Steffen Seibert, le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, a affirmé lundi que le gouvernement approuvait désormais ce texte.

Ménager la Turquie

L'Allemagne, à la différence d'une vingtaine de pays dont la France et la Russie, n'a jusqu'ici pas reconnu le génocide arménien, afin notamment de ménager la Turquie, un partenaire important, quirejette toujours ce terme pour désigner cette page sombre de l'histoire du XXesiècle. L'Allemagne abrite en outre la première communauté turque à l'étranger, avec près de trois millions d'habitants turcs ou d'origine turque.

Frank-Walter Steinmeier, le ministre des affaires étrangères de l'Allemagne, a assuré que le souvenir de ces crimes ne devait pas «être réduit à un terme ou à une querelle de terme ». D'autres voix, en particulier au sein des conservateurs de la chancelière Angela Merkel, ont en revanche appelé à reconnaître le génocide des Arméniens.Cem Ozdemir, le dirigeant des Verts, d'origine turque, a assuré qu'il fallait «un terme clair» pour désigner ces massacres, «un génocide».

Dans une résolution du Bundestag en2005, les parlementaires allemands s'étaient contentés de constater que «beaucoup d'historiens indépendants, de Parlements et d'organisations internationales considèrent l'expulsion et l'extermination des Arméniens comme un génocide».

Le 12avril, dans le cadre solennel de la basilique Saint-Pierre de Rome,le pape François a utilisé publiquement pour la première fois le terme hautement symbolique de «génocide» pour qualifier ce massacre.

 

 

L'Express - ‎lundi‎ ‎20‎ ‎avril‎ ‎2015
Turquie : un pas de plus vers la reconnaissance des souffrances arméniennes

Le bureau du Premier ministre a déclaré que la Turquie "partage les souffrance des enfants et petits-enfants" des Arméniens tués entre 1915 et 1917, sans évoquer directement un génocide.

En savoir plus sur http://www.lexpress.fr/actualite/monde/europe/turquie-un-pas-de-plus-vers-la-reconnaissance-des-souffrances-armeniennes_1673135.html#Qjdp1Jq8w5Zvsxb1.99a

La Turquie "partage les souffrances des enfants et des petits-enfants" des Arméniens, a déclaré ce lundi le bureau du Premier ministre, au centenaire de leur génocide sous l'empire ottoman qu'Ankara nie catégoriquement. Présentant des "condoléances" aux descendants des victimes de ce drame survenu entre 1915 et 1917, le bureau d'Ahmet Davutoglu estime que la Turquie et l'Arménie voisines doivent "panser les blessures de ce siècle et rétablir leur rapports humains", selon ce communiqué.Ce texte mesuré intervient à quelques jours des commémorations pour le centenaire de ces événements et ne va pas au-delà des "condoléances" inédites présentées l'an dernier par Ankara aux descendants des victimes. Pour les Arméniens, le 24 avril 1915 marque le coup d'envoi des arrestations et des déportations massives qui coûteront la vie à un million et demi des leurs dans le cadre d'une campagne d'élimination systématique.

La Turquie campe sur des "massacres mutuels"

La Turquie récuse catégoriquement le terme de génocide, reconnu par de nombreux pays, et dénonce tous ceux qui l'utilisent. Elle évoque des "massacres mutuels" aux dernières années d'un empire en voie d'éclatement. Ces derniers jours, la Turquie a été rendue furieuse par les déclarations du pape François qui a parlé pour la première fois du "génocide" des Arméniens, et le Parlement de l'Union européenne (UE), qui l'a prié de la reconnaître.Le communiqué invite par ailleurs la communauté internationale à "rechercher les causes et les responsables" de ces évènements survenus pendant la Première guerre mondiale, l'exhortant à renoncer à une "rhétorique de la haine" vis-à-vis du peuple turc.
Reuters - ‎vendredi‎ ‎24‎ ‎avril‎ ‎2015
La Turquie célèbre le centenaire de la bataille des Dardanelles

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, et le prince Charles ont présidé vendredi à une cérémonie commémorant le 100e anniversaire de la bataille des Dardanelles, en présence des chefs des gouvernements australien et néo-zélandais.

Tony Abbott et John Key seront encore présents samedi à l'aube pour une messe sur l'étroite plage de la péninsule de Gallipoli où débarquèrent des milliers de soldats de l'Australian and New Zealand Army Corps (Anzac) le 25 avril 1915, prélude à plusieurs mois de combats acharnés contre les troupes de l'empire ottoman qui firent plus de 130.000 morts, jusqu'à la défaite des troupes alliées.

"Des dizaines de milliers de jeunes ont enfoui leur avenir sur cette terre", a déclaré le président Erdogan lors de cette cérémonie organisée autour du principal mémorial érigé par la Turquie sur la péninsule. "Les soldats gisant sur ce sol sont aussi nos enfants", a poursuivi Recep Tayyip Erdogan, faisant écho aux mots de Mustafa Kemal Ataturk, le fondateur de la Turquie moderne, alors jeune officier.

Pour la première fois de leur histoire, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, émergeant de l'ombre de l'empire britannique, combattirent sous leur propre drapeau et la bataille constitue un moment clé dans la constitution de leurs Etats-nations.

Elle représente également une date importante pour la Turquie et l'ascension de Kemal Ataturk, qui s'y illustra dans les combats.

"La bataille de Gallipoli nous rappelle que la Grande Guerre fut véritablement une guerre mondiale (...) Elle a détruit de vieux empires et créé de nouvelles fissures", a déclaré le prince Charles. "Il me semble qu'à l'occasion de ce centenaire, nous devons rappeler l'héroïsme des deux camps."

La cérémonie avait lieu en même temps que la commémoration par l'Arménie du 100e anniversaire du déclenchement des massacres de 1915 où des centaines de milliers d'Arméniens ont été tués par les Turcs de l'empire ottoman.

(Dasha Afanasieva, Jean-Stéphane Brosse pour le service français)

 

 

L' Obs
L’Obs - ‎vendredi‎ ‎24‎ ‎avril‎ ‎2015
Le rôle méconnu de l'Allemagne dans le génocide arménien

"Nous devons également, nous Allemands, faire notre travail de mémoire". Le jeudi 23 avril 2015, le président allemand Joachim Gauck a reconnu pour la première fois, au cours d'une cérémonie religieuse, le génocide arménien dans une déclaration publique. L'Allemagne est ainsi devenue le vingt-troisième pays à l'avoir fait, deux jours avant les grandes commémorations du 24 avril à Erevan.

Mais pourquoi a-t-on attendu autant de temps, à Berlin, pour s'exprimer clairement en faveur de la reconnaissance du génocide ?

La suite de l'allocution du président allemand donne une piste de réponse : Joachim Gauck évoque la "coresponsabilité, et même, potentiellement, une complicité [de l'Allemagne] dans le génocide des Arméniens". Il ajoute que des militaires allemands "ont participé à la planification et pour une part à la mise en place des déportations" d'Arméniens :

La volonté de l'Allemagne de cacher sa propre responsabilité dans les crimes perpétrés est donc l'une des explications de son long déni. Mais pas la seule. En effet, sur le plan économique et diplomatique, les relations germano-turques ont toujours été étroites. Notre voisin germanique abrite aujourd'hui la première communauté de Turcs à l'étranger, estimée à environ trois millions de personnes.

Le 25 avril 1915, la police ottomane, sur ordre du Comité central du parti au pouvoir "Union et Progrès", arrête 200 intellectuels et hommes politiques arméniens, citoyens de l’Empire ottoman.

Le régime dirigé par trois officiers, et en particulier le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha, s'attache ensuite à désarmer les soldats arméniens avant de procéder au pillage, au déplacement et au massacre de la population arménienne. D’avril 1915 à décembre 1916, entre 1,2 million et 1,5 million de personnes sont assassinées.

En 1915, en pleine guerre mondiale, l'empire allemand était l'allié de l'empire ottoman. Il entretenait en Turquie une mission militaire très importante (jusqu'à 12.000 hommes). Longtemps sous-estimé, le rôle historique de l'Allemagne a été mis en lumière par plusieurs études récentes, qui montrent qu'elle était informée des plans génocidaires de l'Empire ottoman, et ce dès 1912.

Interrogée par "Libération", la politologue Ayata Bilgin, de l'Université libre de Berlin, explique que l'Allemagne a "toujours détourné le regard de la question arménienne", au sens propre comme au figuré :

Dans un reportage réalisé pour le centenaire de la "Grande catastrophe", l'expression utilisée par le peuple arménien, Arte donne la parole au journaliste Jürgen Gottschlich qui a travaillé sur ce sujet.

Il a découvert que Hans Freiherr von Wangenheim, ambassadeur allemand auprès de l'empire ottoman de 1912 à 1915, savait que les Turcs planifiaient le génocide arménien :

Dans le livre "Aide au génocide" ("Beihilfe zum Völkermord"), Jürgen Gottschlich révèle que l'ambassadeur n'était pas le seul à savoir. Trois officiers allemands au moins auraient été directement impliqués dans les massacres.

C'est également la thèse défendue par l'historien Vahakn Dedrian, qui a publié plusieurs ouvrages sur la responsabilité allemande dans le génocide.

A partir des archives allemandes et autrichiennes, l'historien arménien apporte la preuve de la participation à la préparation et la mise en œuvre des massacres de certains fonctionnaires et militaires allemands en poste dans l'Empire ottoman.

Il évoque l'exemple du général Fritz Bronsart von Schellendorf, qui signa des ordres de déportation dans lesquels il demande de "sévères mesures" à l'encontre des soldats arméniens incorporés dans l'armée ottomane. 

Après le conflit en Arménie, c'est en Allemagne que le ministre de l'Intérieur Talaat Pacha et les autres responsables turcs du génocide se réfugient, comme le rappelle la revue d'histoire "Hérodote".

Rencontre entre l'Empereur d'Allemagne Guillaume II et le ministre turc de l'Intérieur Talaat Pacha, en 1915. (Arte)

En Allemagne, le niveau de reconnaissance historique a varié selon les périodes. Dans l'entre-deux guerres, la tendance est plutôt à la réparation symbolique. Le traité de Sèvres signé le 10 août 1920 entre le nouveau gouvernement de Moustafa Kémal et les Alliés prévoit le jugement des responsables du génocide. 

La victoire d'Adolf Hitler en 1933 mettra un coup d'arrêt à ce processus :

D'autant que les relations entre la Turquie et le Troisième Reich étaient très amicales. Les généraux allemands présents sur place ont été nombreux à rejoindre les rangs nazis. C'est le cas par exemple de Rudolf Höss, qui a ensuite commandé le camp d'Auschwitz.

Il faudra attendre les années 1980 pour que la mémoire du génocide arménien refasse surface dans la population allemande, et beaucoup plus tard pour que les autorités reconnaissent pleinement l'extermination de plus d'un million d'Arméniens, et le rôle des autorités germaniques dans le massacre.  

En dépit de ses déclarations récentes, le gouvernement allemand n'est pas représenté aux commémorations dans la capitale arménienne.

 

Amaël François

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Le Monde.fr
Le Monde - ‎vendredi‎ ‎24‎ ‎avril‎ ‎2015
Génocide arménien : les problèmes de mémoire de François Hollande

François Hollande au Conseil de coordination des organisations arméniennes de France (CCAF). (IAN LANGSDON/AFP)

En pleine campagne présidentielle, le candidat Hollande jouait des coudes avec Nicolas Sarkozy au sujet du génocide arménien. Le président sortant avait fait voter, en janvier 2012, une loi pénalisant la négation du drame de 1914, mais le Conseil constitutionnel l’a rapidement invalidée. Devant la volonté affichée du candidat de l’UMP de légiférer de nouveau, le futur président de la République s’y est aussi engagé , le 24 avril  2012, devant le monument du souvenir érigé près du pont des Invalides. "Quelles que soient les pressions qui s'exercent, je tiendrai bon, votre histoire ne sera jamais oubliée parce qu'elle ne pourra plus être contestée", affirmait alors le candidat Hollande.

Mais près de trois ans plus tard, la loi est toujours dans les arcanes du ministère de la justice. D’après Le Monde, l’idée était pourtant d’adopter le texte avant la commémoration du centenaire du début du génocide le 24 avril 2015. Surtout, le chef de l’Etat a depuis adopté des positions plus floues. En visite officielle à Ankara en janvier 2014, il a exhorté la Turquie à faire son "travail de mémoire" mais botté en touche à propos d’une éventuelle loi condamnant le négationnisme, assurant que la France "fera le droit et rien que le droit".

L’Elysée temporise depuis une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme en décembre 2013. La CEDH a estimé que la Suisse avait violé la liberté d’expression d’un homme en le condamnant pour avoir nié le génocide arménien. Selon l’arrêt, non définitif, le génocide arménien peut être reconnu par l’Etat sans que sa négation puisse exposer à des sanctions pénales. En janvier dernier, la Suisse a défendu sa position en appel et demandé le réexamen de la décision des magistrats européens. Si elle se confirme, elle pourrait bien bloquer, en France, l’écriture du texte de loi promis par François Hollande.

Dans l'attente d'un centre pour la mémoire arménienne génocide le 24 avril 2015. Surtout, le chef de l’Etat a depuis adopté des positions plus floues. En visite officielle à Ankara en janvier 2014, il a exhorté la Turquie à faire son "travail de mémoire" mais botté en touche à propos d’une éventuelle loi condamnant le négationnisme, assurant que la France "fera le droit et rien que le droit".

L’Elysée temporise depuis une décision de la Cour européenne des droits de l’Homme en décembre 2013. La CEDH a estimé que la Suisse avait violé la liberté d’expression d’un homme en le condamnant pour avoir nié le génocide arménien. Selon l’arrêt, non définitif, le génocide arménien peut être reconnu par l’Etat sans que sa négation puisse exposer à des sanctions pénales. En janvier dernier, la Suisse a défendu sa position en appel et demandé le réexamen de la décision des magistrats européens. Si elle se confirme, elle pourrait bien bloquer, en France, l’écriture du texte de loi promis par François Hollande.

Dans l'attente d'un centre pour la mémoire arménienne 

Faute de loi, la communauté arménienne doit se contenter des autres promesses de François Hollande. François Hollande s’est par exemple engagé "à promouvoir la création d’un Centre de mémoire et de civilisation arménien”. Le président a même précisé l'an dernier qu'il souhaitait inaugurer le bâtiment en 2015 : “Je sais que la Mairie de Paris y travaille. L’Etat y prendra toute sa part”. Interrogé sur cette promesse, l’Elysée explique que “l’Etat soutient le principe d’un tel projet qui n’est, pour l’instant, pas abouti”. En effet, l’idée n’en serait, selon la Mairie de Paris, qu’au stade "des discussions", notamment à propos du "concours financier de l'Etat et de la région".

Le chef de l’Etat avait également déclaré que s'il était élu le 6 mai 2012, il reviendrait à la cérémonie de commémoration du génocide "chaque année comme président de la République" . Seulement, il a failli à cet engagement dès avril 2013 en se faisant représenter par Vincent Peillon, alors ministre de l’éducation. L’Elysée avait alors fait valoir un agenda diplomatique chargé avec un déplacement en Chine les 25 et 26 avril.

Un an plus tard, le président de la République a tenu parole en participant aux commémorations du 99ème anniversaire du génocide. Cette année, il n'est pas à Paris mais à Erevan pour le centenaire. François Hollande a expliqué ce déplacement par son souci d'œuvrer pour "le devoir de mémoire et la reconnaissance par le monde entier du génocide arménien".

Thibault Saingeorgie

 

 

 

Le Monde.fr
Le Monde - ‎samedi‎ ‎25‎ ‎avril‎ ‎2015
A Diyarbakir, le réveil de la communauté arménienne

Dans le petit salon de thé attenant à Surp-Giragos (Saint-Guiragos), la grande église arménienne de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, Rahime Karakas, 54ans, raconte comment sa vie a basculé un jour de mai1985: «Mon père est mort, je suis allée à l’Etat civil pour les formalités. Là, sur le registre, j’ai vu le prénom Sarkis, barré d’un trait, et le prénom Husseïn écrit par-dessus. Cela se voyait très nettement. J’étais en état de choc. Depuis, j’essaie de recoller les morceaux.»

Jusque-là, Rahime pensait qu’elle était kurde, «je faisais partie d’une organisation féministe kurde, j’ai même fait de la prison à cause de cela». Son père ne lui avait jamais rien dit de son passé mais elle avait des soupçons. Sur le fait, par exemple, qu’il était enfant unique et sans famille, autant dire une sérieuse anomalie au regard des critères kurdes. Et puis il y avait cette étrange invective – «Moskov» (Russe) – proférée par sa mère lorsque le couple se disputait. Il s’agissait d’une allusion à son origine cachée, car beaucoup d’Arméniens se rangèrent en1915 aux côtés de la Russie, alors l’ennemie numéro un de la Sublime porte.

Difficile de recoller les morceaux. Rahime a eu beau chercher, se rendre dans la ville d’origine de son père, à Harput, elle n’a jamais réussi à tirer le moindre fil. «Pour finir, j’ai mis une petite annonce dans Agos (le journal en turc et en arménien de la communauté arménienne de Turquie), mais ça n’a rien donné, j’avais trop peu d’indices, juste le prénom et la ville.»

Elle s’est habituée à vivre avec les taches d’ombre de son passé. Elle a pris des cours d’arménien, s’est rendue à Erevan, a adopté la foi chrétienne en2014 à Etchmiadzine (le saint-siège du patriarcat en Arménie). Une partie de sa famille n’a pas apprécié. Elle ne regrette rien: «Je suis devenue chrétienne à cause de ce qui a été fait à mon père. C’est une démarche politique, l’expression de mon opposition.»

"Affronter notre passé dans les yeux"

Sa nouvelle famille est désormais à Saint-Guiragos, la plus vaste église arménienne du Moyen-Orient, restaurée de pied en cap en2011 grâce aux fonds de la diaspora, de la communauté arménienne de Turquie et de la mairie de Diyarbakir, tenue par le Parti démocratique des régions (DBP, pro-kurde).

Chaque mois, les Arméniens – musulmans et chrétiens – s’y retrouvent pour un petit déjeuner festif dans le salon de thé. Et puis il y a les concerts, les baptêmes, les messes dans l’église. «Dans la région, beaucoup d’Arméniens ont été islamisés sous la contrainte il y a cent ans. Depuis la restauration de l’église, ils viennent. Tous ne se sont pas redevenus chrétiens, mais ils aiment retrouver un peu de leurs racines», explique Ergün Ayik, qui dirige la fondation propriétaire du lieu.

Le clocher s’élève haut dans le ciel de la vieille ville de Diyarbakir en signe du réveil de la communauté. Située dans une petite ruelle de la vieille ville, l’église de basalte en a vu de toutes les couleurs depuis sa construction, en1376. Le coup de grâce est venu en1915, non pas à cause du coup de canon tiré sur le frêle clocher parce qu’il s’élevait plus haut que les minarets alentour, mais parce que la population qui remplissait l’église les jours de fête a disparu. «Autrefois, la moitié de la population de la ville était arménienne, aujourd’hui nous sommes une poignée», rappelle Ergün. L’isolement n’est plus de mise depuis que ceux de la diaspora sont de plus en plus nombreux à venir pour visiter l’église.

Saint-Guiragos était en ruine, à ciel ouvert, lorsque Ergün Ayik, Gafur Turkay et quelques autres se sont mis en tête de trouver des fonds pour la restaurer. Pour cela, ils ont organisé des dîners de donateurs. Rien n’aurait été possible sans l’aide de la mairie de Diyarbakir, qui a financé les travaux à hauteur de 20%. «Nos grands-pères, incités par d’autres, ont commis des crimes mais nous ne les imiterons pas», avait dit Abdullah Demirbas, à l’époque maire du quartier de la vieille ville, aux Arméniens venus lui demander de l’aide. «Revenez!», tel est aujourd’hui le message des Kurdes aux Arméniens.

En1915, les Kurdes ont été les principaux exécutants des massacres. Incités par le pouvoir Jeune Turc, les clans kurdes les plus éminents y ont pris part, avec tous les bénéfices matériels qui allaient avec, saisie de terres, de maisons, de richesses. L’écrivain kurde de langue turque Seyhmus Diken rappelle que, dix ans plus tard, «les Kurdes se sont fait massacrer au moment de la révolte de cheikh Saïd» – un chef religieux kurde rebelle pendu sur la place centrale de Diyarbakir en1925 avec 46autres meneurs, par les armées de Mustafa Kemal. «Nous devons affronter notre passé dans les yeux, demander pardon et envisager des réparations», assure l’écrivain, signataire de «l’appel au pardon», une pétition en ligne lancée par des intellectuels turcs.

 

Marie Vaton
L’Obs - ‎samedi‎ ‎25‎ ‎avril‎ ‎2015
A Paris, plus de musée pour l'Arménie

C'est un musée abandonné. Ses œuvres dorment dans des cartons depuis des années dans l'indifférence de tous. A l'heure où tout le pays commémore le centenaire du génocide arménien, le Musée Arménien de France, lui, est fermé. Il abrite pourtant la plus grande collection d'art arménien d'Europe depuis 1953, mais personne ne peut venir la contempler. "Ainsi en a décidé le Musée Guimet qui ne souhaite plus partager les lieux avec nous", constate avec tristesse Frédéric, son directeur.

C'est là, avenue Foch, dans le prestigieux hôtel d'Ennery du 16e arrondissement parisien, propriété du Ministère de la Culture, que sont réunis, par arrêté ministériel, de précieux souvenirs et reliques sauvés par la diaspora arménienne après le génocide. 1.180 objets d'arts sacrés et profanes, de manuscrits anciens, de précieuses pièces d'orfèvrerie, d'œuvres du peintre Zakarian portraituré par Degas ou d'Ivan Aïvasovsky, l'un des maîtres de la peinture de marine russe, de sculptures de Léon Mouradoff, que certains considèrent comme le Maillol arménien. En 2007, année de l'Arménie, les collections avaient séduits 6.000 personnes en cinq semaines.

Hélas. En 2011, dans le cadre du plan musée de Frédéric Mitterrand, le ministère de la Culture et le Musée Guimet, dont dépend l'hôtel d'Ennery, ont engagé une rénovation de l'immeuble qui menaçait de tomber en ruines. Durant les travaux, le Musée Arménien est prié de déménager une partie de ses collections avec l'assurance donnée par le directeur général des Patrimoines de pouvoir regagner les lieux à la fin du chantier. En mai 2012, au moment de rapatrier les œuvres, Frédéric Fringhian a la mauvaise surprise de découvrir que les espaces vides ont été "occupés" par des pièces asiatiques et des chinoiseries issues du Musée Guimet.

Dès lors, il lui est impossible de réinstaller ses collections et d'ouvrir au public. Malgré plusieurs courriers envoyés à la direction du Musée Guimet, le MAF (Musée Arménien de France) est à la rue.

En mars 2014, la situation s'envenime. La direction du musée Guimet fait changer les serrures de l'hôtel et interdit à l'équipe du MAF d'y accéder. "Aujourd'hui, je ne sais pas ce qu'il est advenu de la collection qui se trouvait à l'intérieur", se désole le directeur. Le reste des œuvres dort dans un entrepôt porte de la Chapelle pour des coûts de stockage de 60.000 euros depuis quatre ans. Une somme que Frédéric Fringhian n'est absolument pas en mesure de régler. L'affaire a été portée devant les tribunaux en avril 2014, mais le Tribunal de Grande Instance saisi en référé par le Musée arménien s'est déclaré incompétent pour la juger. Depuis, le blocage perdure.

Un mécène étranger a bien proposé d'accueillir les collections du MAF en Suisse pour y créer un grand musée de la diaspora arménienne, mais le ministère de la Culture a refusé que les collections quittent le territoire. Quant à la proposition de Fleur Pellerin de rapatrier les collections dans un entrepôt du Mucem de Marseille, elle ne séduit guère plus. "Le plus scandaleux dans cette histoire, c'est que nous n'avons pas pu participer au centenaire de la commémoration du génocide, regrette Frédéric Fringhian. Certaine des œuvres de nos collections ont été réclamées par les villes de Valence, Issy-Les-Moulineaux ou Clamart. Mais je ne peux pas les faire voyager, je ne peux pas diffuser ce patrimoine de nos ancêtres, pourtant reconnu d'utilité publique par l'Etat et inaliénables depuis 1978 ".

Pour espérer faire avancer leur dossier, le Comité de Soutien au Musée Arménien de France a lancé une pétition sur le site change.org qui a recueilli près de 10.000 signatures.

Marie Vaton

 

 

 

FRANCE 24
France 24 - ‎lundi‎ ‎27‎ ‎avril‎ ‎2015
Génocide arménien : le président israélien commémore le centenaire "d'un meurtre de masse"

Pour la première fois, un président israélien a marqué, avec les leaders de la communauté arménienne, le centenaire du génocide dont ce peuple a été victime en 1915. Une tuerie que le chef d'État a cependant choisi de qualifier de meurtre de masse.

La reconnaissance du génocide des Arméniens par l’État hébreu reste une question sensible pour les dirigeants israéliens. Dimanche 26 avril, le président Reuven Rivlin a rencontré les leaders de la communauté arménienne israélienne lors d’une cérémonie marquant officiellement le centenaire du génocide de 1915, programmé par les autorités ottomanes. Sans pour autant utiliser le terme de génocide, récusé par la Turquie officielle, mais employé par de nombreux pays, dont la France.

"Pour la première fois, un président israélien a marqué le massacre de masse du peuple arménien avec la communauté arménienne d'Israël", affirme un communiqué de la présidence. "Le peuple arménien a été la première victime moderne de meurtre de masse", a déclaré, toujours selon le texte, Reuven Rivlin.

Toujours est-il que le consul honoraire d'Arménie en Israël, Tsolag Momjian, s'est félicité que pour la première fois des représentants officiels de l'État d'Israël aient participé aux cérémonies. Deux députés israéliens ont effectué le voyage en Arménie pour les commémorations marquant le 100e anniversaire du génocide.

Mais de son côté, le représentant du patriarcat arménien en Israël, Aris Shirvanian, a déploré qu'Israël ne qualifie pas le meurtre de masse du peuple arménien de "génocide". L'Arménie et l’importante diaspora arménienne luttent depuis des décennies pour que ces massacres qui ont fait 1,5 million de morts soient reconnus comme ayant constitué un génocide.

Pour Israël, à l'instar des États-Unis, il s’agit de préserver des relations diplomatiques déjà tendues avec la Turquie. Ankara était l’un des proches alliés de l’État hébreu dans le monde musulman, avant que la situation ne se dégrade en 2010 avec la prise d’assaut par l’armée israélienne d’un navire turc, le Mavi Marmara.

Les tentatives lancées ces dernières années par des députés israéliens pour faire reconnaître le caractère génocidaire des massacres perpétrés par les Turcs envers les Arméniens ont échoué. En 2011, puis une nouvelle fois en 2013, Zahava Gal-On du parti israélien de gauche Meretz, notamment, avait poussé la Knesset à examiner une reconnaissance du génocide, sans résultat. Malgré les appels persistants de ces députés, et une pétition signée par des artistes et intellectuels israéliens, l’État hébreu n'a pas changé de position.

Avec AFP 

 

L'Arménie se souvient

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Mego Terzian. Arménien sans frontières

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Francetv info
francetv info - ‎jeudi‎ ‎7‎ ‎mai‎ ‎2015
Les restes de trois poilus découverts sur le chantier du Mémorial de Verdun

Les squelettes de trois soldats français de la première guerre mondiale, ainsi que de nombreux objets appartenant à leur équipement, ont été découverts par hasard mercredi 6 mai, sur le chantier de rénovation du Mémorial de Verdun. Un ouvrier est tombé sur des ossements dans une couche de glaise noire, située à deux mètres de profondeur.

Les squelettes sont "complètement enchevêtrés mais quasiment complets" et "dans un excellent état de conservation", a déclaré Bruno Frémont, médecin légiste à Verdun, confirmant une information de L'Est républicain.

Une plaque d'identification militaire a également été retrouvée à proximité : celle d'un sergent de 35 ans, Claude Fournier, originaire de Saône-et-Loire, "tué à l'ennemi" le 4 août 1916 à Douaumont (Meuse). "Cette plaque appartenait très vraisemblablement à l'un de ces trois soldats, mais on ne sait pas lequel des trois, il faudrait faire des analyses génétiques" si d'éventuels descendants se présentaient, a expliqué le médecin légiste. Si elles ne sont pas identifiées et réclamées par des descendants, les dépouilles seront inhumées dans la nécropole nationale de Douaumont, située près du Mémorial de Verdun.

Une fiole de Ricqlès intacte

Les corps étaient par ailleurs entourés de nombreux objets : balles de fusil Lebel, casques Adrian, cartouchières, godillots, boutons, cuillers, fourchettes, crayons, bougies, un lorgnon, des restes de fibres de vêtements, a précisé Bruno Frémont. "Le plus extraordinaire, c'est qu'on a retrouvé une petite fiole d'alcool de menthe Ricqlès, qui non seulement était intacte, mais qui était encore remplie à moitié. On aurait pu en boire !" s'est-il émerveillé.

En 2013, 26 corps de poilus avaient été exhumés dans le village détruit de Fleury-devant-Douaumont, non loin du Mémorial. Plusieurs avaient pu être identifiés. Par la suite, deux d'entre eux avaient été inhumés dans leurs communes d'origine.

Le Mémorial de Verdun doit rouvrir en grande pompe en février 2016, pour les commémorations du centenaire de la bataille de Verdun, qui s'est déroulée du 21 février au 18 décembre 1916.

 

 

Pascal Riché
L’Obs - ‎dimanche‎ ‎31‎ ‎mai‎ ‎2015
Non, Vichy n'a pas inventé la fête des mères (mais presque)

“La fête des mères, c’est un truc inventé par Pétain, non ?” Chaque année, comme le muguet, cette phrase fleurit dans les conversations. Les mauvais esprits, surtout adolescents, l’adorent. Le point d’interrogation est fréquent : on n’est jamais trop sûr, c’est ce qu’on raconte.

Il faut rétablir les faits concernant de cette fête annuellement décriée.

C’est au début du XXe siècle qu’on commence à vraiment célébrer les mères, et particulièrement des mères de familles nombreuses. Il s’agissait alors de repeupler les pays décimés par les guerres.

Les Américains sont les pionniers de cette histoire. En 1908, une certaine Anna Jarvis, femme passionnée et quelque peu excentrique de Grafton, en Virginie occidentale, organise une fête dans son église méthodiste pour célébrer la mémoire de sa mère, morte trois ans plus tôt, et fêter toutes les autres mères.

Il faut dire que sa mère n’avait pas démérité, question maternité : Anna est la 10ème de treize frère et sœurs, dont 7 sont morts avant sa naissance, frappés par la rougeole, la diphtérie ou autre fièvre typhoïde... Sa mère, une institutrice, a consacré sa vie à aider les autres mères et leurs enfants face à ces diverses maladies. Pendant la guerre de sécession, elle a fondé les “Club de travail des mères” pour améliorer les conditions sanitaires dans les villes de Virginie occidentale.

Anna Jarvis, elle, travaille dans l’assurance, milieu alors peuplé d’hommes, et si elle n'a pas participé au mouvement des suffragettes, elle est sensible aux discours de l'époque contre la faible reconnaissance accordée aux femmes. Mais sa démarche est avant tout religieuse. Lors de la fête qu'elle organise, des œillets sont distribués, car sa mère les aimait : ils deviendront une part intégrante de la célébration de la fête des mères dans le monde entier.

Après sa fête, elle part en campagne pour que soit organisée une “journée des mères” nationale. Elle rencontre des hommes d’affaires, des politiciens, des journalistes. Au début, les sénateurs américains se moquent du projet. En 1908, ils repoussent un amendement au motif qu'une journée des mères risquerait de conduire à "une journée des sœurs et des cousines et des tantes".

Mais l'idée prend : la fête est instaurée dans de nombreux Etats américains, et s'exporte dans des pays étrangers (Canada, Chine, Japon, Belgique, Hollande…).

En 1914, le Congrès américain décide finalement de faire du second dimanche de mai le “jour de la mère”, Mother’s Day ; le président Woodrow Wilson en fait une journée nationale, au cours de laquelle on lèvera le drapeau.

A noter que vers la fin de sa vie, en 1948, Anna Jarvis, ulcérée par la tournure commerciale prise par la fête des mères, regrettera son "invention".

En France, la campagne d’Anna Jarvis trouve un écho, surtout après la guerre de 1914-1918. On commence à célébrer, dans certaines villes, une "journée des mères".

Un mot sur le contexte : en ce début de XXe siècle, le débat sur la dépopulation de la France fait rage. Avant la guerre, déjà, des associations se sont mobilisées contre le malthusianisme, prônant une natalité plus forte afin de “fortifier la nation” face à l’Allemagne. C’est le cas notamment de l’Alliance nationale pour l’accroissement de la natalité, fondée par Jacques Bertillon en 1896, qui deviendra en 1916 la “Ligue pour la vie”.

Après la grande guerre, les rangs de ces "natalistes" sont renforcés par les “familiaux” : des organisations nées dans les milieux catholiques qui luttent contre tout ce qui nuit à la famille : prostitution, contraception, littérature licencieuse, avortement... “Les corps ne sont stériles que parce que les âmes sont infécondes” assène le "Congrès de la natalité" en 1919, qui réunit ces deux courants.

Armelle Canitrot, auteure d'un mémoire sur l'histoire de la fête des mères résume :

Il faut fé-con-der. La “famille nombreuse”, nouvelle expression, est célébrée. La "médaille d’honneur de la famille française", créée par décret du 26 mai 1920 est distribuée par les préfets aux mères méritantes...

L'occurrence du mot "Famille nombreuse" (Ngram) 

L’apparition de la fête des mères, d'abord à Lyon, puis dans d'autres villes, s’inscrit donc dans un contexte à la fois patriotique, moraliste et religieux. 

A Lyon, le 16 juin 1918, nait la première grande fête des mères. Il était initialement question d'une "journée des familles nombreuses”, courante à cette époque, mais l’un des organisateurs, le Colonel de Lacroix-Laval propose de s'inspirer des Américains et de la baptiser “journée des Mères”.

Bon, sur ce, je retourne à mon collier de nouilles.

Pascal Riché

Le débat s’ouvre au sein du comité d'organisation. On convient de “l'importance morale et sociale” de la mère, “dans une société qui, pour se défendre contre un voisin rapace et sans scrupule, doit s’appuyer sur le nombre”. Le député du Rhône, Auguste Isaac, porte-voix du courant de défense de la famille et du natalisme, fait la synthèse : ce sera la “journée des mères de familles nombreuses”.

Le gouvernement cherche à la promouvoir. Un premier arrêté, en décembre 1920, instaure “la fête des mères de famille nombreuses”. Mais le démarrage est lent.

En mai 1926, dans le cadre d’une politique nataliste assumée, le gouvernement issu de la majorité du Cartel des gauches en fait la promotion : il prend l'initiative d'une fête à Paris, associant les églises et les écoles et se terminant par une fête à l’Arc de triomphe. L'année suivante, il cherche à rendre la fête obligatoire et envoie des circulaires aux préfets. La journée est officialisée en 1929 et on décide de la célébrer le dernier dimanche de mai. Dans le journal l’Illustration du 31 mai 1930 on peut ainsi lire :

Le Maréchal n’a donc pas inventé cette journée. En revanche, dès 1941, il en fait une célébration quasi-liturgique, la mère étant mise sur un piédestal.

Des affiches de propagande pour la fête des mères, sous Vichy

Elle est glorifiée par la propagande comme “l’âme de la famille”. Et tous les français sont poussés à célébrer sa "journée". Protectrice comme la patrie, féconde comme la terre (qui ne ment pas), gardienne des traditions et des vertus familiales, symbole du sacrifice, la mère devient une des figure centrale de la Révolution nationale. La féminité se résume à la maternité. Et jusqu’à sa chute, avec de plus en plus de faste, l’Etat Français va célèbrer la fête des mères.

Voyez ce spot de mai 1941 :

Celui de  1943 :

Celui de 1944 : 

Populaire, la fête des mères survit à la Libération. Il faut encore repeupler la France. Pour la première fois, un texte de loi, le 24 mai 1950 instaure la fête des mères. Seuls les communistes votent contre. Non pas parce que cette journée rappellerait Vichy, mais parce qu'une si noble fête n'est pas digne d'être portée par un gouvernement dont la politique est "diamétralement opposée au bonheur des familles". C'est la députée Geneviève Roca qui se charge de porter la charge au nom du PCF  : 

La suite est connue : le commerce s'empare de la fête. La super-cocotte Seb, le parfum Jean Patou, le fer BabyLiss, Interflora... Une marque de briquet bretons, Flaminaire, promeut la "fête des pères". Plus tard, en 1987, une marque de café lance la "fête des grand-mères"... 

Bon, sur ce, je retourne à mon collier de nouilles.

Pascal Riché

 

 

Le Monde.fr
Le Monde - ‎mercredi‎ ‎10‎ ‎juin‎ ‎2015
Reconnaissance du génocide des Arméniens : la Turquie rappelle son ambassadeur au Brésil

La Turquie a annoncé lundi 8juin au soir avoir rappelé son ambassadeur au Brésil après une résolution, qualifiée d’«irresponsable» par son ministère des affaires étrangères, votée par le Sénat brésilien reconnaissant le génocide des Arméniens perpétré par l’Empire ottoman en1915. Cette démarche suit le rappel ces dernières semaines, pour les mêmes raisons, des ambassadeurs de la Turquie au Vatican, en Autriche et au Luxembourg.

Lire aussi: La Turquie rappelle son ambassadeur en Autriche

«Nous condamnons la résolution du Sénat brésilien qui déforme les réalités historiques concernant les événements de 1915», a rapporté le ministère dans un communiqué, ajoutant que son ambassadeur, Hüseyin Diriöz, avait été «rappelé en consultations».

Brasilia «déplore» la décision

La motion de solidarité avec le peuple arménien, présentée par deux sénateurs du Parti de la sociale-démocratie brésilienne (PSDB, d’opposition au gouvernement de Dilma Rousseff), a été approuvée mardi2juin par 55 des 81sénateurs brésiliens.

Le gouvernement de Mme Rousseff a expliqué mardi qu’il «déplorait» la décision du gouvernement turc de rappeler son ambassadeur ainsi que les termes du communiqué diffusé par le ministère turc des affaires étrangères.

L’ambassadeur de la Turquie à Brasilia a été appelé au siège de la diplomatie brésilienne le1erjuin à la veille du vote au Sénat et «a reçu de larges explications sur les processus en cours», affirme le ministère brésilien. Il ajoute espérer que les relations entre la Turquie et le Brésil, «formellement définies comme stratégiques, pourront revenir très bientôt à la pleine normalité».

La Turquie nie systématiquement que l’Empire ottoman ait organisé le massacre systématique de sa population arménienne pendant la première guerre mondiale période et récuse le terme de «génocide» utilisé par l’Arménie mais aussi par de nombreux historiens et une vingtaine de pays, dont la France, l’Italie et la Russie.

 

 

Stéphanie TROUILLARD
France 24 - ‎dimanche‎ ‎28‎ ‎juin‎ ‎2015
Première Guerre mondiale : des photos inédites du front exposées au centre Lens' 14-18

Un bâtiment posé comme une grande boîte noire au pied de la colline de Notre-Dame de Lorette. Des couloirs sombres et des salles sans fioritures. Le centre Lens’ 14-18 de Souchez, dans le Pas-de-Calais, se voulait austère dans sa conception. En entrant dans ce nouveau musée consacré à la Grande Guerre, le visiteur est tout de suite plongé dans la brutalité et le carnage des combats.

Sur les murs, ce sont surtout les photographies qui marquent le visiteur. Dans la toute première section du musée, un cliché montre des dizaines de corps alignés, à même le sol. "Ce sont des tirailleurs sénégalais qui venaient d’arriver de Marseille en train. En octobre 1914, on les a mis devant Arras pour tenter d’arrêter l’avancée allemande et plus de 250 d’entre eux ont été fauchés en quelques minutes", raconte l’historien Yves Le Maner, l’un des artisans du musée et membre du comité scientifique de la Mission du Centenaire. Un peu plus loin, d’autres photos sont tout aussi éloquentes : ici, des poilus qui posent fièrement devant des cadavres ennemis, semblable à des trophées de chasse. Là, des dépouilles d’Australiens regroupées par les Allemands après l’offensive meurtrière de Fromelles [Nord-Pas-de-Calais] en juillet 1916.

À l'inverse des nombreux musées qui puisent surtout dans des documents officiels aseptisés pour constituer leurs collections, le centre de Souchez montre sans filtre l’extrême violence des combats. Un témoignage brut et sans fard, parfois difficilement supportable. "Ce n’est pas une cruauté infligée aux visiteurs, mais une nécessité de prendre conscience de ce qu’a été la guerre sur le sol européen entre 1914 et 1918", précise Yves Le Maner, avant de poursuivre : "Il faut se rappeler que c’est une génération entière qui a été fauchée à l’époque. Plus de 1,4 millions de morts en France sur une population de 40 millions. Cela a été un choc terrifiant".

"Une telle débauche de violence"

À l’époque, la presse, au service de la propagande, n’a que peu relayé ce "choc", elle ne montrait pas les corps sans vie des soldats "pour ne pas traumatiser la population". Et durant des décennies, les photographies prises par les combattants sont restées dans des tiroirs ou au fond des greniers. "Les soldats ne les ont pas montrés. Ils avaient le sentiment d’être au centre d’une telle débauche de violence qu’ils préféraient les garder entre eux, entre anciens combattants. Pour eux, ceux de l’arrière ne pouvaient pas comprendre", explique Yves Le Maner.

C’est en grande partie dans ces clichés "amateurs" que l’historien a constitué la collection du centre Lens’ 14-18. Il a sélectionné 350 photographies sur plus de 5 000 rassemblés par ses soins : "Elles viennent de fonds du Canada, d’Australie, de Nouvelle-Zélande, du Royaume-Uni ou encore de France". "Ce sont des documents qu’on n’a pas l’habitude de voir […], poursuit l’historien. Les combattants ont eu immédiatement conscience d’assister à quelque chose d’inédit et à une violence sauvage. Ils ont vu qu’une civilisation qui était en grand progrès envoyer une génération complète vers la mort de masse".

Des hommes soudés

Mais, si Yves Le Maner a voulu montrer cette guerre dans toute son abjecte réalité, il s’est toutefois imposé certaines limites. Sur les murs du musée, pas de photographies de corps démembrés. "Il en existe à ma connaissance cinq sur des millions […]. J’aurais pu montrer ces cinq-là, mais je ne l’ai pas fait, car dans leur majorité, les combattants eux-mêmes ont choisi de ne pas les photographier. Elles sont insoutenables", explique-t-il

Un cliché émeut tout particulièrement ce fin connaisseur de la Grande Guerre : celui de soldats français du 237e régiment d’infanterie qui se recueillent près d’un corps dans un bois près de Bouvigny, à quelques kilomètres du centre Lens’ 14-18 : "[Ces hommes] sont soudés. Ils se font fait des promesses et la première d’entre elle, c’est celle d’enterrer un camarade s’il meurt. C’est un document magnifique".

 

Le Télégramme

Landerneau. Chantier. Jeunes engagés dans les tranchées

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14-18: le trésor oublié des "artistes" du Chemin des Dames

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