Poème Joel les rubans de fumée
Les rubans de fumée
A chaque fois que je longe une voie ferrée
Ailleurs dans ma tête je me mets à rêver.
De belles images lointaines vont m’obséder,
Scènes envoûtantes de pays ensoleillés.
De parler de ces réseaux, de gares ou de ponts
D’excitation tout mon corps vibre à l’unisson.
Parcourant infatigablement la campagne,
Remontant les pentes des très hautes montagnes,
Suivant les bords de mer par les sentiers sauvages,
Portant à travers le pays tous ces messages,
S’échappent au vent les rubans des locomotives
Annonçant de loin que les lourds convois arrivent.
Allons plie ton journal mon cher voyageur,
Empoigne ta sacoche, tes joies ou tes pleurs.
Attention à vous parents gardez vos enfants
Car les roues de fer happeront les imprudents.
Tenez donc ses petites mains très fortement
Un malheur arriverait dans l’empressement.
Apparaît au loin dans la courbe interminable
Un point aux dimensions réelles insoupçonnables.
Les amants se donnent leurs dernières embrassades.
Les amis et copains s’activent aux accolades.
Tambourinent fort dans leurs cœurs inconsolables
Des émotions de tristesses bien incontrôlables.
Allons donc fait résonner ton sifflet chauffeur,
Brave mécanicien éponge ta sueur.
Cette énorme machine s’avance en bruissant,
Ces vieilles bielles réglées tournent en ronronnant.
Stoppant devant les quais un crissement de freins
Perça l’atmosphère de ce matin serein.
Laissez descendre et après prenez donc vos places,
Les meilleurs sièges se présentant près des glaces.
Mais méfiez vous d’afficher vos yeux très sensibles
Ou les escarbilles les prendront comme cibles.
Profitez ainsi pendant tout ce long voyage
De contempler de nouveaux et beaux paysages.
A la pendule la grande aiguille a bougé
Nous disant que le départ va être annoncé.
Déjà les hauts parleurs se mettent à grésiller.
Des poches sont de sortie les mouchoirs froissés.
C’est l’heure. Les portières se ferment aussitôt.
Le chef de gare peut agiter son drapeau.
En laissant échapper sa vapeur en nuage
Tout lentement le grand monstre d’acier s’engage.
La cheminée veut participer à la scène
Ses halots de fumée lâchés en grands ronds s’enchaînent.
Tout au loin certains cherchant leur destin s’effacent.
Mais dans les cœurs leurs départs laisseront des traces.
Joel Michel